On a remis le couvert

Une semaine plus tard, Thierry et moi avons remis ça, mais cette fois-ci, les conditions sont bien différentes. La température a bien chuté en quelques jours et si la pluie nous a épargnés, certains chemins étaient plutôt gras, c’est le moins qu’on puisse dire. Le cuissard court était supportable mais trois couches pour le haut du corps n’étaient pas de trop. J’ai même failli en enfiler une quatrième mais j’ai finalement été bien inspiré de ne pas mettre mon coupe-vent car dès la sortie de Montaigut-sur-Save et la traversée de Saint-Paul-sur-Save, nous avons attaqué les premières difficultés au km 7 par le Chemin d’En Sales. Le ton était donné et c’était parti pour 80 bons kilomètres d’enchaînements de montées et de descentes sans la moindre portion de plat. Comme pour me donner raison, le soleil s’est mis à briller.

Le chemin de Bretx à Saint-Sernin est une descente : la pente est relativement douce au début mais elle s’accentue progressivement à l’entrée du sous-bois jusqu’au moment où elle rejoint une petite route campagnarde au pied de Larra que nous traversons en empruntant un premier petit raidard à 12%. La montée vers Galembrun par Launac est un long faux-plat sans réelle difficulté avec de belles portions de gravel bien roulantes. Launac est un village suffisamment particulier pour que je me souvienne d’y être déjà passé avec Thierry, lors de la reconnaissance d’une Special Ride à la Tucayne. A la sortie de Launac, nous arrivons sur un groupe de cyclistes qui sont sur sur le départ auquel nous nous mêlons plus ou moins involontairement pendant quelques kilomètres. C’est l’occasion d’échanger quelques mots avec certains et de faire de la pub pour notre Toulouse Grand Tour du 7 juin prochain. Nous nous séparons bien vite car nous poursuivons par les chemins en descendant vers Poutou avant d’attaquer le premier gros morceau de la journée, une longue côte où la pente dépasse 13% à la sortie de Cantoperlic. Après une courte descente par la Route de Naples nous virons à gauche pour passer devant l’AnimaPark de Burgaud et traversons la forêt éponyme. Là, ça pique vraiment car on y grimpe par un très étroit chemin jonché d’obstacles naturels.

La route est un peu plus plane jusqu’à Peyrelongue. Nous en profitons pour explorer quelques passages en sous-bois pour apporter un brin de diversité et sortir de ces routes campagnardes à l’allure de montagnes russes mais il faut bien se rendre à l’évidence, certains passages nous obligent à rebrousser chemin quand ils ne mènent nulle part ou sont trop boueux. Certains endroits sont en effet à l’abri de grands arbres qui empêchent les rayons de soleil de sécher les pistes. Les traces des récentes ondées y sont parfois encore bien présentes.
Nous grimpons ensuite jusqu’à Cox qui sera le point culminant de cette sortie, puis nous plongeons vers Péres, tantôt par la route et tantôt par des chemins plutôt abrupts. Je jette un œil à mon GPS et je m’aperçois que nous avons déjà bien grimpé en 50 kilomètres : je dépasse assez rarement le ratio de 100 m d’ascension pour 10 km de distance et là, nous sommes pratiquement au double. Comme je l’ai déjà constaté ces derniers temps, je mets parfois un peu de temps à trouver mon rythme de croisière mais je me sens de mieux en mieux au fil de la progression.

Depuis quelques kilomètres, Thierry me vante les mérites de Laréole et de son château. Effectivement, l’endroit vaut vraiment le détour et que l’on s’y arrête quelques instants et je découvre un véritable petit joyau fait de pierres blanches et de briques roses : c’est un style tout à fait atypique de l’époque de la Renaissance. La construction du château a débuté en 1579 et a été ordonnée par Pierre de Cheverry, un richissime marchand de pastel, cette plante qui a fait la fortune de plus d’un dans le Lauragais.
Je me serais volontiers installé dans ce magnifique écrin de verdure pour déjeuner et faire une petite sieste au soleil mais l’idée de Thierry était de rejoindre Cologne par Ardizas et nous nous y sommes tenus.
En nous arrêtant au cimetière pour y remplir nos bidons, nous avons pur vérifier qu’il y a bien de l’eau à Cologne mais contrairement à ce qu’on pourrait peut-être croire, elle n’a pas d’odeur particulière. Par contre, le cœur du village est, quant à lui, tout à fait à fait particulier et charmant avec sa halle située sur la place centrale de la bastide. Elle date de 1284 et était initialement destinée à abriter les marchés et les foires. C’est donc là que nous faisons une courte pause pour dévorer notre casse-croûte.

Nous réveillons la curiosité de quelques touristes car nos vélos sont couverts de cette boue argileuse et collante. Je ne compte plus les fois où nous avons dû nous arrêter pour dégager les passages de roues avec un morceau de bois. Je suis monté en 45 mm et les flancs de mes pneus sont assez proches des haubans : c’est parfait pour du terrain sec mais vraiment pas idéal pour des chemins aussi gras. Nous sommes à peine à mi-parcours et nous ne savons pas encore que ce sera encore pire sur la deuxième partie. Pour l’heure, nous nous dirigeons vers la troisième petite pépite de la journée après Laréole et Cologne : le magnifique Lac de Saint-Cricq. La petite côte qui y mène me permet de mesurer à quel point il peut s’avérer laborieux de remonter en selle après une petite pause : les muscles ont eu le temps de refroidir et même si les pourcentages ne dépassent jamais 6%, c’est laborieux.

A l’extrémité nord du lac, Thierry me fait découvrir un étroit petit single track de toute beauté mais je ne m’y sens véritablement pas à mon aise. Il y a à peine assez de place pour y passer à vélo et il est interdit de se rater sous peine de finir dans le lac qui est en contrebas. A la sortie de ce passage épique, je ne suis pas mécontent de retrouver le bitume de la D654 mais ce n’est pas plus rassurant pour autant car elle est très fréquentée en ce jour de fête. A la hauteur de l’école de voile, nous la quittons pour grimper jusqu’à Catonvielle par Roquelaure-Saint-Aubin et les montagnes russes continuent ainsi jusqu’au bas de Marestaing en passant par Giscaro. Je ne me rappelle plus exactement à quel endroit précis nous avons traversé ce mémorable lit de boue dans lequel nous nous sommes véritablement englués. Tout a commencé par un large chemin détrempé puis nous sommes arrivés en contrebas d’un champ tout en dévers qui était labouré verticalement. Il a dû beaucoup pleuvoir ici et un torrent de boue a dévalé la pente sans être ralenti par quoi que ce soit. Les roues de nos vélos se sont chargés d’argile au point qu’elles ne pouvaient plus tourner. Marcher en poussant était tout aussi délicat et parfois, il m’a fallu porter mon vélo, totalement englué. Une nouvelle séance de nettoyage s’imposait mais c’était parfaitement inutile car ça recommençait un peu plus loin. Je suis remonté à grand peine sur mon vélo mais je ne suis pas allé très loin. En cherchant à éviter une flaque, la roue avant s’est soudainement dérobée et je me suis étalé de tout mon long dans la boue. Me voilà beau ! Fort heureusement, elle a eu le mérite de considérablement amortir ma chute et le matériel n’a pas souffert, lui non plus. Je me suis relevé en éclatant de rire : on pourra difficilement faire plus sale.

La semaine dernière, j’ai été ravi de découvrir l’Isle-Jourdain, son magnifique lac et sa base nautique. Je suis tout aussi content de le revoir une seconde fois aujourd’hui, même si nous ne nous y arrêtons pas, cette fois. Le dernier arrêt sera pour le Pont Tourné, un surprenant pont romain du 13ème siècle qui enjambe la Save.

Nous rejoignons ensuite La Teulère du Haut pour chercher le Golf de Las Martines.
Ca commence à sentir l’écurie mais Thierry me réserve encore trois petites surprises. La première n’est pas très méchante, même si après plus de 100 km, du 8%, ça pique tout de même un peu. La suivante est un peu plus pentue car à proximité de Lévignac, Thierry veut vérifier si le Chemin de Saint-Pé, une petite route campagnarde qui monte jusqu’au Castéra et qui a été complètement ravagée par une coulée de boue, est à nouveau praticable. La réponse est donc non et elle ne sera probablement jamais reconstruite car les dégâts sont trop importants et les travaux seraient trop chers pour le peu d’intérêt. Nous faisons donc demi-tour.

La troisième et dernière surprise est de taille : à la sortie de Montaigut-sur-Save, Thierry me fait grâce de grimper jusqu’à l’église du village par le chemin où la pente atteint voire dépasse les 20%. Nous empruntons donc un petit bout de la N224, la route de Toulouse puis escaladons ce dernier obstacle sur l’asphalte d’une route campagnarde qui grimpe tout de même à 18%. Je suis assez fier d’arriver à la fameuse église sans poser pied à terre : trois 18% dans la même journée, c’est de très loin mon record !

Mondonville n’est plus qu’à 5 kilomètres et c’est une simple formalité puisque c’est parfaitement plat avec un beau chemin blanc et une piste cyclable très roulante pour finir en appui sur les prolongateurs.
Le matériel a bien souffert entre les flaques d’eau, la boue et les herbes hautes. Le pilote aussi, mais c’est tout de même une sacrée belle journée : merci Thierry !

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