Pas tout à fait un making-off car pouvoir tracer un tel itinéraire résulte d’une assez longue expertise (de longues années de pérégrinations, je n’aime pas passer trop souvent au même endroit, en c’est écrit sans prétention, on parle passion) qu’a Ô Gravel des chemins en tous genres de la région toulousaine et de l’Occitanie … C’est assurément beau ailleurs et plus loin (l’Atlas marocain, la Mongolie, le Mustang me font rêver) mais il n’est pas nécessaire ou obligatoire de partir (très) loin pour être dépaysé ou découvrir des horizons pourtant proches et si dépaysants …
Pas tout à fait non plus un teaser, plutôt une espèce de répétition générale, ou certainement les derniers réglages avant d’envoyer le tracé définitif aux participants de cette première édition qui avoir lieu du 6 au 11 avril. Vous n’êtes pas encore inscrits ? Faites vite, les inscriptions vont fermer très bientôt …
Pour les chiffres de cette balade sur 3 jours … Départ samedi 17 février à 5h00 de Toulouse en condition de bikepacking complet mais sans tente et nourriture (je voulais partir le vendredi à 22h comme cela se fera le 6 avril mais il a bien plu pendant 2 jours, j’y reviendrai un peu plus loin …), bivouac samedi soir, réveil dimanche 18 février à 3h, arrivée à 21h et bivouac de luxe dimanche soir (j’y reviendrai un peu plus loin …), réveil lundi matin à 5h, fin de l’aventure lundi soir à 21h. Chaque fois que je pratique la longue distance, le temps prend véritablement une autre dimension … L’impression d’être parti bien plus longtemps, les journées (temps) sur le vélo ont été bien longues …
517 km donc sur 64 heures en comptant les bivouacs, les nombreuses pauses, et près de 5 800 m de D+.
Savès
Même si je connais bien une très grande partie du parcours, je voulais aller vérifier quelques passages de ce raid que j’ai tracé, je n’ai donc pas suivi la trace exacte pour brouiller un peu les pistes mais je suis passé par certains des sites que vont découvrir ou redécouvrir les aventuriers qui se sont inscrits sur le raid. Je voulais aussi participer à ma façon sur le vélo car je serai bien occupé à suivre les participants à l’aventure sur mon écran d’ordinateur via leurs balises GPS autonomes, organisation oblige …
J’écris bien « aventure » car c’est une aventure que de se lancer dans un raid en ultrabiking … Un peu plus de 600 km avec 52 % de pistes, voies vertes, chemins et sentiers (du GR, du balisé pédestre ou VTT, du pas balisé), et un peu plus de 9000 m de D+ … Certaines portions pourront être assez techniques, la pratique du Gravel ne se limite pas aux larges pistes en gravier, ce vélo passe vraiment partout, même chargé, je parle d’ailleurs régulièrement de Gravel-enduro, le tout sur une telle distance est de bien doser, de saupoudrer ces passages particuliers. Les membres de l’association savent (et les attendent) que lors de nos sorties il y a toujours des passages « labellisés » Ô Gravel, ceux qui ne connaissent pas comprendront sur le terrain … La pratique du vélo se définit d’abord par le contexte géographique (topographique) dans lequel on évolue : le Gravel dans notre région n’est pas le même que dans les plaines du Midwest, dans la savane africaine ou en Camargue. Pourquoi donc réduire une pratique à cette définition très gravier ?
Volvestre
Cette (longue) balade en Occitanie amènera les participants dans le Gers (pout une toute petite incursion) puis l’Ariège du côté de Tourtouse et Montardit avec sa très pittoresque Chapelle Notre-Dame de la Goutte, ils traverseront le Volvestre, l’Arize (le passage sous la grotte du Mas d’Azil de jour et comme de nuit vaut le détour), la vallée de la Lèze, le Lauragais pour rejoindre le Canal du Midi au Seuil de Naurouze. La Montagne Noire sera au programme de cette première édition, avec ses belles pistes, ses lacs et son point culminant qui sera aussi le point culminant de l’aventure, le Pic de Nore.
Un peu de répit sera ensuite proposé avec une portion de la V84, Voie verte du Haut-Languedoc Passa Païs jusqu’à Mazamet puis avec le Voie verte Chemin des Droits de l’Homme, entre Castres et Albi. La fin du périple se fera à travers la Toscane occitane et ses bastides en guise de bouquet final …
Tourtouse by night L’église Saint-Martin à Lasserre, son porche et sa cloche
Notre-Dame de la Goutte à Montardit by night
Julien m’a accompagné sur une partie du parcours, samedi et dimanche, une bonne façon d’étrenner et de tester son nouveau vélo, un très joli Origine Graxx III.
Je ne vais pas tout raconter, ni trop en détail, pour ne pas « spoiler » l’aventure à venir pour les participants au raid.
Je voulais passer de nuit certains passages particuliers, certains sentiers, passages validés.
Il faudra tout de même penser à bien zoomer la carte sur l’écran du GPS pour ne pas louper certains passages. Exemple à Pujaudran en bout de l’Impasse du Mimosa : la trace part en fait à une dizaine de mètre entre des fourrés mais la terre a été retournée devant, on a l’impression que c’est vraiment une impasse …
De nuit, il faut aussi faire attention sur les voies vertes aux barrières installées pour ralentir la progression aux croisements. À Bonrepos-sur-Aussonnelle, une telle barrière (en bois avec juste deux petites plaques réfléchissantes) barre la route pour la réserver au transport scolaire, ça peut surprendre.
Les participants auront été bien mis en condition dès les premiers kilomètres sur les coteaux de Bellevue au Nord de Toulouse.
Le secteur du Savès est très vallonné, de nombreux ruisseaux le traversent. Il a plu pendant deux jours avant notre départ, nous allons bien « ramasser », heureusement la terre ne colle pas, à part de très rares passages. Et heureusement les gués sont tous aménagés avec des passerelles en bois ou métalliques (assez hautes d’ailleurs pour certaines), nous en avons profité, l’eau était trop haute et le courant assez fort …
C’est à Martres-Tolosane que la trace rejoint la vallée de la Garonne (déjà traversée en tout début de raid) pour se diriger vers le Volvestre via les Petites Pyrénées pour une incursion dans le Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises.
Les sites de Tourtouse ou de Montardit, de jour comme de nuit, méritent le détour.
L’état de chemins nous a bien ralentis, de la glisse, de l’énergie, la nuit est tombée non pas plus tôt que prévu, c’est immuable, mais en conditions sèches nous aurions été plus loin pour notre premier bivouac …
Je ne suis pas croyant, rien de militant dans ce propos, juste un constat, Julien a trouvé un point de bivouac parfait pour nos besoins sous le porche de l’église de Lasserre (Ariège) : assez profond et surtout deux murets devant qui coupent un peu les arrivées d’air. Et, on pourrait y voir un signe, cette église est dédiée à Saint-Martin de Tours, appelé encore Saint-Martin le Miséricordieux ou Saint-Martin-des-Champs (ça me plaît ça), né en 316 et décédé en 397, célébré pour avoir partagé son manteau avec un déshérité transi de froid … Il était alors soldat dans la légion romaine.
Pour notre part, nous avons revêtu plusieurs couches de vêtements, nous nous sommes glissés dans nos duvets (le mien n’est pas adapté aux basses températures, je savais que c’était risqué), le tout saucissonné dans nos couvertures de survie. Nous avons réussi à dormir par petites tranches, sans avoir trop froid. Ce qui a été impressionnant c’est de sentir toute l’église vibrer à chaque coup de cloche (toutes les heures et les demi-heures).
Nous avons donc actualisé cette image de notre histoire collective de la charité des prêtres qui accueillaient les pauvres, les mendiants et mêmes les fugitifs qui demandaient le droit d’asile dans leurs églises ou monastères. Mais, malgré tout, au Moyen-Âge, tous les pauvres n’avaient pas droit à aide, les prêtres des paroisses tenaient des registres précis des personnes qu’ils allaient aider en échange de menus services.
Cette figure du pauvre va quelque peu se détériorer avec le temps et la charité qui va avec aussi. Les « mauvais » pauvres, trop nombreux, vont être chassés des villes … Cela nous permet aujourd’hui de nous dédouaner de cette responsabilité collective de l’aide et de l’assistance et d’évacuer d’éventuels conflits de moralité.
La charité est universelle, au-delà de toute définition théologique, il me semble que l’église, comme la société, et surtout à ses étages supérieurs, a oublié que la charité est une des trois vertus de la chrétienté, avec la foi et l’espérance.
Mais revenons à notre balade. Oui, je parle (ou j’écris) souvent de balade, une balade, une promenade peut être bucolique, tranquille mais l’esprit peut-être là même sur dans de telles conditions.
3 heures du matin, réveil, petit-déjeuner sans réchaud, sans croissant, et nous repartons en direction du Mas d’Azil.
Le thermomètre perd plusieurs degrés, la vallée de l’Arize est dans la brume, ou le brouillard suivant le degré de visibilité, le ressenti s’en ressent (vive les répétitions) …
Le passage sous la grotte du Mas d’Azil vaut le détour, de jour comme de nuit.
Nous allons suivre une bonne portion sur route, aucun point à vérifier sur le tracé pendant un moment.
7h, la boulangerie du Fossat ouvre, l’accueil est chaleureux, nous étonnons avec nos vélos à cette heure-là et en racontant d’où nous venons, croissant et chocolatine car ici c’est ce qu’on dit (un pain au chocolat, c’est du pain coupé en longueur avec des carrés de chocolat puis on referme et on mange comme je le faisais gamin au moment du goûter, une célèbre pâte à tartiner venait d’être créée mais je n’en consommais pas encore).
C’est après Saint-Ybars que je voulais vérifier un ou deux (ou trois) trucs sur la trace, nous repartons donc pour les montagnes russes direction le Lauragais et le salut à Riquet.
Je donne un bon de sortie à Julien qui travaille lundi et qui souhaite ne pas rentrer trop tard, il a eu la gentillesse de souvent rouler devant et de m’attendre.
Je suis plutôt du style diesel mais ni turbo ni à injection, je peux rouler (ou marcher à côté du vélo quand la pente est sévère, que le vélo est bien chargé et que je suis parti pour du long et que je dépasse pas les 4 ou 5 km/h) longtemps mais pas à gros rythme. Ce qui me fait écrire que faire l’Occitanie et 3 jours (bivouacs compris) sera un gros challenge, mais je sais que certain(e)s vont le relever, je souhaite que tous les participants, quel que soit leur niveau, vivent une belle aventure. Ils vont tous avoir, quel que soit leur chrono (il n’y en aura d’ailleurs pas, il faudra « juste » boucler le truc en 6 jours) à se dépasser …
Revel
Arrivé au bord du Canal du Midi, j’appelle nos cousins Viviane et Jean-David à Mazamet, s’ils sont chez eux je continue l’aventure pour bénéficier d’un bivouac de luxe chez eux, ils m’attendent.
Direction donc Revel puis Mazamet, l’Occitanie 600 fera un petit détour à ce moment-là pour rallier le point culminant du raid …
J’arrive à 21 heures à Mazamet pour un bivouac de luxe : douche, repas chaud, j’ai quand même insisté pour dormir dans mon duvet sur le convertible, il faut garder l’esprit aventurier ! Merci Viviane et Jean-David pour cette halte bien appréciée.
Réveil à 5 h, Viviane est réveillée, je profite d’un bon et chaud déjeuner et je repars, sous une petite pluie (si ça dure toute la journée, ça va être vraiment long même si je suis très bien équipé).
Les participants au raid bénéficieront d’une bonne distance de répit pour rejoindre Castres puis Albi en suivant la V819 Voie verte du Chemin des Droits de l’Homme.
Je salue la ville de Castres ou les autorités locales ont fait un beau boulot pour permettre aux cyclistes touristes de traverser la ville par deux voies vertes et de vraies pistes cyclables.
Aménager une voie verte peut représenter de gros budgets, il y a des choses bien plus importantes mais il y a aussi tellement de choses pour lesquelles on dépense tant de pognon et qui pourtant … Clin d’œil donc par exemple à Saint-Girons où l’arrivée de la V81 Voie verte du Piémont pyrénéen et son départ vers Foix mériteraient de se faire depuis la ville même et être mieux signalés (cette voie verte est une des plus belles de la région) et à Albi où la V819 s’arrête à Puygouzon, il est vrai sur un parking aménagé mais loin d’Albi alors que l’ancienne voie ferrée est bien là …
Je voulais vérifier un passage du côté de Carmaux, belle découverte de la Voie verte Chemin des mineurs montante mais roulante, avec deux jolis lacets en conclusion, qui mène à Carmaux.
Passage au-dessus de Cap découverte, salut au passé minier su coin, pensée pour Jean Jaurès et fin de ma prospection pour ces derniers réglages de la conception du tracé de l’Occitanie 600 2024 en haut d’un magnifique sentier qui part vers Monestiés, là commencera le bouquet final du raid avec une belle (et exigeante) balade dans la Toscane occitane … La trace reprendra une partie d’un raid de deux jours en bikepacking fait avec Dominique, Édouard et Sébastien, trois gros clients (d’un point de vue sportif, Ô Gravel n’a pas de clients) et amis.
Castres
Ce n’est pas terminé pour moi, je repars vers la vallée du Tarn et le superbe site de Castelnau-de-Lévis, je vais ensuite « jongler » autour de la D888 Route d’Albi très passante (et surtout à flux très rapide) pour rentrer à Garidech.
Albi
Il reste maintenant à finaliser définitivement le tracé et l’envoyer aux inscrits. Vous ne l’êtes pas encore ? faites vite !
Chacun pourra, à l’étude du tracé et à la lecture du Gravelbook, préparer son raid, choisir les formes à donner à son bivouac, sous tente, en bivy, sous tarp, en gîte, etc. À chacun son aventure, cela en sera assurément une !
Photos et vidéos partagées.
Blaye-les-Mines – Carmaux, passé minier
Thierry, traceur de l’Occitanie 600 2024. La trace de l’édition 2025 est déjà en gestation, les grandes lignes tracées.
Castelnau-de-Lévis Gaillac
Lisle-sur-Tarn