Genèse d’une trace

J’ai déjà écrit sur ce sujet, quand je trace pour des évènements que nous organisons avec Ô Gravel il y a un gros travail en amont et sur le terrain pour valider ce qui va être proposé. Pas mal de versions tracées avant de modifier et choisir la trace définitive.

Sur un truc comme l’Occitanie 600 km, il faut trouver le bon dosage entre les types de terrains (route, pistes, chemins, état des pistes et chemins : herbe, gravier, terre, gadoue, etc.), les pentes (en longue distance, plus ou moins chargé, il faut éviter les pourcentages trop importants dans les montées, sauf s’il n’y a pas d’autre choix ou que le site est exceptionnel), passer à la fois par les sites touristiques emblématiques et par des coins beaucoup plus sauvages pour surprendre les participants à l’aventure. Il faut que l’expression « en avoir pour son argent » soit appliquée au sens propre et au sens figuré. Il faut aussi ménager des portions plus roulantes sur lesquelles les participants pourront récupérer un peu. Cette année par exemple, les participants vont suivre une partie de la Rigole de la Plaine entre Les Cassès et Revel, deux portions de la V81 Véloroute du Piémont Pyrénéen, des portions « faciles » mais qui ne manquent pas de charme.
Sur des parcours plus courts, j’avoue par contre que j’hésite beaucoup moins à envoyer les participants sur un bon raidard ou un truc technique, typé Gravel-enduro, je les cherche même, histoire de bien alimenter la fabrique à souvenirs … C’est aussi ça le « label » Ô Gravel !

Le tracé de l’Occitanie 600 km 2025 est presque prêt, il reste deux portions à vérifier après Carcassonne et entre Lavelanet et Foix. Julien (qui a déjà vérifié et validé un magnifique passage du côté de Saint-Bertrand-de-Comminges) est allé sur le terrain avec Christophe récemment, cela a été assez compliqué pour eux du côté de Montferrier, un chemin complétement retourné et très collant, le raid sera assez dur, on ne va pas en rajouter, il faut donc y retourner et aller voir un truc avant Foix qui pourrait être un des passages « mémorables » du raid si ça passe (j’ose espérer que les participants en trouveront plusieurs des passages mémorables …). Il n’est pas concevable pour moi de proposer un tracé si nous ne l’avons pas déjà parcouru. Un chemin, un passage, peut disparaître en quelques semaines, être modifié, ne plus être accessible (c’est souvent le cas pour les pistes d’exploitation forestière), ça on ne peut le prévoir … D’où l’intérêt aussi de passer sur le parcours dans les mêmes conditions que celles que risquent de rencontrer les participants et pas trop longtemps avant.

Premier week-end du mois, train à 1 €, je n’ai pas réservé de suite, seules places encore disponibles ce matin dans le train de 8h06 à destination de Carcassonne, j’aurais aimé partir plus tôt, j’ai prévu une balade de 138 km jusqu’à Foix avec un gros dénivelé. Le dernier train qui partira ce soir de Foix pour revenir sur Toulouse passera à Foix à 20 h, j’aimerais ne pas le louper, sinon la balade sera légèrement plus longue, ce sera dur (il faut débrancher le cerveau) mais après coup on peut trouver ça marrant (après coup).

Un peu de lecture dans le train, dernier numéro de Cyclist hors-série Gravel. J’y lis « Gravel, pas Gravel ? ». J’ai aussi déjà écrit sur le sujet : le Gravel, tu en fais ce que te proposent les régions, les terrains sur lesquels tu roules … Ce serait quand même dommage de le réduire aux pistes blanches plates et infinies comme on peut en trouver aux États-Unis, on en a ici mais pas partout. Et ce vélo est assez bien conçu pour passer vraiment partout, tout dépendra du bagage physique et technique du pilote. Voilà pourquoi je roule avec des pneus cramponnés mais pas trop de 42 mm (les prochains en feront 45, pas plus) une galette en 50 dents derrière et une tige de selle télescopique, j’en ai encore eu l’utilité aujourd’hui. Je ne comprends pas que la majorité des vélos Gravel, en tout cas dans les premiers prix, soient montés avec des cassettes si petites, ça réduit vraiment les possibilités d’utilisation. On ne va pas grimper de la même façon une pente à 15 % sur une route et sur un chemin empierré. Le Gravel n’est pas plus difficile mais peut-être plus énergivore quand la pente devient prononcée. Et logiquement aussi, tu passeras plus de temps sur le vélo pour une même distance. C’est pourquoi je ne regarde que très rarement ma vitesse moyenne, sauf quand comme aujourd’hui j’ai un impératif horaire à respecter.
Par contre mon vélo n’est pas équipé de suspension, mais pourquoi pas. Le Gravel doit tout de même avoir sa spécificité, ou alors elle est justement dans le fait qu’il n’est ni un vélo de route ni un VTT mais qu’il passe partout et donc offre tous les montages possibles. Il est bon partout, pas mauvais. Voilà pourquoi je parle régulièrement de Gravel enduro …

La compétition en Gravel (je ne fais pas allusion là aux raids en ultra distance, le Gravel y a toute sa légitimité) mais à ce championnat du monde créé en 2022 me questionne. Plus qu’à la création des premières compétitions VTT où les champions étaient spécialisés et les routiers s’y cassaient les dents (on a plus vu le passage du VTT à la route avec succès que l’inverse), je trouve dommage de ne voir sur ces épreuves quasiment que des champions de cyclisme sur route (Marianne Vos ou Mathieu Van der Poel sacrés en 2024), ce n’est que début de cette pratique en compétition, il faudrait peut-être revoir les tracés de ces épreuves … Si ça apporte une bonne visibilité à la pratique, pourquoi pas ? Les marques veulent aussi profiter de l’engouement autour de cette pratique et vendre. Après tout le Gravel est un vélo qui bouscule les standards, les habitudes, d’où cet éternel débat « Gravel, pas Gravel ? », n’en dressons pas de limites … Il y a aussi un « esprit » Gravel : aventure, liberté qu’il est bon de défendre.

J’ai plutôt bien roulé entre Carcassonne et Belvèze-du-Razès, de jolies portions Gravel et de jolies routes, le Razès est un très joli coin, assez vallonné …
J’ai rejoint la V81, Voie verte du Piémont pyrénéen qui part vers Lavelanet, elle dessert aussi Mirepoix, à Moulin-Neuf ne pas manquer la bifurcation … Cette voie verte monte vers Lavelanet, la pente est faible (1 à 2 %) mais avec un petit vent défavorable, on y laisse de l’énergie. Et là je me suis rendu compte que je n’avais pas tant que cannes que ça aujourd’hui et le temps tournait … J’ai décidé pour être sûr d’être à l’heure à Foix d’aller au plus court vers Lavalanet (l’Occitanie fera un petit détour par le Lac de Montbel) et d’aller ensuite directement à Roquefixade pour aller vérifier « le » truc vers Foix ensuite.

Je suis arrivé à Lavelanet vers 14h30. Aucune boulangerie ouverte, ni kebab (il y en a pourtant un), ni restaurant (ça tombait bien, je n’avais pas prévu de m’y arrêter pour ne pas prendre trop de temps). Par contre, deux coiffeurs étaient ouverts, un fleuriste et la boutique de lingerie fine aussi. Un peu froid pour rouler léger …
J’ai poussé jusqu’au Carrefour market route de Perpignan pour y acheter des sandwiches, un soda et un dessert. Il y avait dehors un gars très sympa, connu des clients, qui faisait la manche avec son chien. Il a proposé de surveiller mon vélo, je l’ai remercié, ai tout laissé sur le vélo sans l’attacher et je lui ai pris un soda, des sandwiches et deux éclairs au chocolat, je lui en ai offert un, on a discuté un peu et je suis reparti.

Jolie route qui prend de la hauteur vers Roquefixade et qui offre de beaux panoramas sur le massif et au loin, mais on le voit, bien le puig de Montségur.
Roquefixade est aussi impressionnant, accroché à son éperon rocheux.
De là, j’ai suivi le Sentier cathare (il faut se le gagner ce beau GR, même à pied) d’abord par une belle piste qui monte fort, la piste continuait ensuite sur le plateau avant de redescendre vers Lherm. Je suis resté en hauteur, je voulais trouver une descente originale sur Foix. Et j’ai trouvé, pas celle à laquelle j’avais d’abord pensé mais j’ai trouvé ! Les participants à l’Occitanie vont certainement me maudire quand ils passeront là mais ce ne sera pas long … Tout d’abord poussé obligatoire puis un magnifique passage type hors-piste pour trouver une superbe piste forestière et enfin redescendre sur Montgaillard par une autre piste qui va devenir chemin puis sentier commençant par une sacrée pente, vous avez dit Gravel-enduro ? Quelques passages non pas en poussé mais tout de même à pied en retenant le vélo. La descente offre un beau panorama sur la vallée de Foix, on finit par voir le château, la ville est proche. Je simplifierai la tâche des participants pour le passage à Fontestorbes et Montségur en privilégiant la route.

Je suis arrivé avec finalement une heure d’avance sur mon horaire limite pour prendre le train. Retour des stations de ski, quasiment tous les autres passagers étaient en tenue de ski dans le train …

Thierry

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *